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Saint François et la Création

Voici le texte d’une Conférence donnée en Suisse, à Sion dans le Valais, par le Père Raniero CANTALAMESSA, capucin Italien de renom, le 15 novembre 1989.
Nous avons simplement allégé le texte çà et là des quelques notations ou remarques propres au style oral ou au rapport habituel d’un Conférencier à son public. Et les sous-titres sont de la rédaction.

UN REGARD NOUVEAU

Ecoutons d’abord François lui-même Voici comment sont décrites dans la Légende de Pérouse (LP 43) les condi¬tions dans lesquelles a été composé le Cantique des créatures
… Aussi pourla gioire de Dieu- c’est François lui-même qui parle -pourma consolation et I’édification du prochain, je veux composer une nouvelle « Laude du Seigneur » pour ses créatures. Chaque jour celles-ci servent à nos besoins, sans elles nous ne pourrions vivre, et par elles le genre humain offense beaucoup le Créateur. Chaque jour aussi nous méconnaissons un si grand bienfait en ne louant pas comme nous le devrions le Créateur et dispensateur de tous ces dons ». 11 s’assit, se concentra un moment, puis s’écria
« Très haut, tout puissant et bon Seigneur, à toi louange, gioire, honneur
et tonte bénédiction ;
à toi seni ils conviennent, ö Très-Haut, et nul homme n’esi digne de te nommer. Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement messire frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour, la lumière ;
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur, et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole. Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sceur Lune et les étoiles dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent, et pour fair et pour les nuages,
pour 1′azur calme et tous les temes ;
grâce à eux tu maintiens en vie toutes tes créatures. Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sceur Eau,
qui est très utile et très humble, précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu par qui tu éclaires la nuit
il est beau et joyeux, indomptable et fort. Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sc~ur notre~mère la Terre qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits, avec les fleurs diaprées et les herbes. Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux qui pardonnent par amour pour toi ; qui supportent épreuves et maladies heureux s’ils conservent la paix,
car par toi, le Très-Haut, ils seront couronnés.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre sur la Mort corporelle à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ; heureux ceux quelle surprendra faisant ta volonté, car la seconde mort ne pourra leur nuire.
Louez et bénissez mon Seigneur, rendez-lui grâce et servez-le
en tonte humilité ! N
On pourrait montrer comment chague adjectif, chague mot de ce Cantique a une signification particulière. Aucun n’est anodin, sans contenu. Par exemple, pourquoi François dit-il que I’eau est « très humble H ? II avait sans doute contem¬plé I’eau et y avait vu le symbole de (‘humilité, parce que I’eau par elle-même ne monte jamais, elle tend toujours à descendre, à occuper la dernière place. C’est Gomme Dieu : François nous dit que Dieu aussi est « humilité H, quoique cela puis¬se nous paraître étonnant ; mais Dieu aussi, de la place où il est, ne peni pas s’élever puisqu’il n’y a ríen au-dessus de lui. Si Dieu fait quelque mouvement, ce ne pourra être que pour descendre, dans (‘humilité ; et François voyait tonte I’his¬toire du salut Gomme I’histoire des « humiliations » de Dieu. II disait : n Regardez, frères, (‘humilité de Dieu lorsqu’il crée le monde, lorsqu’il inspire les Ecritures, lors¬
qu’il descend dans le sein de la Vierge, lorsqu’il vient sur 1′autel H. C’est toujours cette humilité qui tend à descendre ; pas seulement à descendre pour descendre, mais à descendre pour servir, par amour, pour être au même niveau que les autres.
Un très beau passage du tout premier biographe du saint, Thomas de Cela¬no, nous sígnale la nouveauté pour I’époque de I’attitude de François
n En toute c~uvre, il admirait 1′Ouvrier… 11 savait dans une belle chose contem¬pler le Très Beau ; tout ce qu’il rencontrait de bon lui chantait : « Celui qui m’a fait, Celui-là est le Très Bon ». 11 poursuivait à la trace son Bien-Aimé en tout lieu de sa création, se servant de tout 1′univers comme d’une échelle pour se hausser jus¬qu’au trône de Dieu. On n’avait jamais vu pareille affection pour toutes les créa¬tures – c’était donc pour les contemporains quelque chose de nouveau, même dans I’histoire de la sainteté chrétienne – 11 leur parlait du Seigneur- il leur parlait vraiment, même aux créatures inanimées – et les invitait à la louange. Pour ne pas éteindre de sa main les clartés qui sont le symbole de la Lumière éternelle, il laissait brúler cierges, lampes ou flambeaux… Quand les frères allaient couper du bois, il leur défendait d’abattre le tronc, afín que celuj-ci pOt donner de nouvelles frondai¬sons. Le jardinier devait laisser en friche une bande de terrain autour du potager afín que la verdure et les fleurs vinssent y proclamer, la saison venne, combien est grande la beauté du Père de toutes choses ; il fallalt réserver une píate-bande aux fleurs et aux plantes aromatiques pour rappeler à ceux qui viendraient s’y promener le partum de 1′éternelle Suavité. 11 ramassait les vers sur le chemin, de peur de les voir écrasés par les passants. Pour que les abeilles ne meurent pas de faim durant 1′hiver, il leur falsali porter du miel et du bon vin. 11 appelait frère n’importe quel ani¬mal ; il avait une prédilection cependant pour les plus doux dentre eux ~ (2 Celano 165).
Suit une série d’épisodes : comment François racheta une brebis, un oiseau, et comment les animaux rendaient à François son amitié, lui montraient leur reconnaissance, leur gratitude pour son amour et son affection.
Saint François, une exception dans le christianisme ?
En 1979, le pape Jean-Paul II proclama saint François patron de I’écologie et des écologistes. Depuis lors, chague fois que les chrétiens s’occupent de la sau¬vegarde de la création, on cite saint François.
Mais I’écologie de saint François n’est pas un domaine de tout repos, un domaine sans problèmes. Ces problèmes, avant tout théologiques, ne concernent pas sa personne, mais regardent le christianisme, la foi chrétienne dans laquelle François, bien sùr, est inséré.
En 1966, parut en Amérique un article de Linn White qui fit grand bruit, dans lequel il affirmait que le christianisme, disons la foi biblique, était en fait le dernier responsable de la crise écologique du monde moderne. Et la raison qu’il en don¬nait était que le christianisme avait inversé le rapport entre I’homme et I’univers qui était dominant dans le monde gréco-païen, et en général dans toutes les autres cultures et religions. Dans le monde païen, disait-il, c’était le cosmos, la nature qui venait en premier, qui était la valeur suprême, et I’homme était consi¬déré comme étant en référence, au service de la création, comme un être infini¬ment plus petit et de moindre valeur, moins précieux que le cosmos et la création. Alors que le christianisme et la foi biblique disent le contraire : la nature et le cos¬mos sont pour I’homme, et non I’homme pour la nature. Aussi I’homme occupe-t¬il la première place, il est le roí de la création. Cette conviction se fonde surtout sur le célèbre verset de la Genèse où Dieu dit à I’homme de se multiplier, de remplir la terre et de la dominer. C’est à ce verset, disait le savant Linn White, que s’origine ce qui est maintenant advenu dans notre culture : I’homme, par sa domination, a gaspillé la création, a compromis son équilibre et I’a détruite. Or saint François, poursuit-il, a voulu réagir contre cette conception des choses. Donc, François se situerait en dehors de la tradition chrétienne, ayant voulu proclamen une sorte de démocratie pour toutes les créatures. La création ne serait plus une monarchie, I’homme n’en serait plus le noi et les créatures ne seraient plus à son service. La création deviendrait une démocratie où toutes les créatures auraient la même valeur.
On a réfuté ces raisonnements. II est vrai que la Bible a inversé les rapports entre I’humanité et le cosmos, et a glacé I’homme au-dessus de la création maté¬rielle. Mais il n’est gas vrai que le christianisme, ce faisant, ait détruit une relation idyllique entre la nature et I’homme, pour la bonne raison que cette relation idyl¬lique n’a jamais existé. La nature et I’homme se sont toujours situés dans des rap¬ports de tutte à cause du péché, et c’est le péché qui est laissé complètement en dehors de cette vision des choses.
D’ailleurs, on pourrait aussi objecter que cette vision d’un paganisme situant la nature au-dessus de I’homme est plutôt erronée, parce que, dans le paganis¬me, les deux courants fondamentaux qui existaient, le courant platonicien et le courant stoïcien, exprimaient tous deux sur ce sujet des positions très dures et même néfastes pour I’homme. Dans la vision platonicienne, le cosmos est quelque chose de très beau, mais on y trouve un dualisme insoluble entre I’esprit et la chair, I’esprit et la matière. La matière est quelque chose de mauvais, fruit d’un dieu mauvais ou pour le moins inférieur, et le salut consiste à s’évader de la matière, à fuir ce monde où I’on se considère comme étranger. La mort est alors la vraie libération, parce que en mourant, I’homme sort du tombeau, qui est juste¬ment son corps. Evidemment, dans une fette vision, il n’y a gas de place pour le respect de la création, ni méme la possibilité pour François de s’émerveiller
devant la création. Au contraire, François réagit probablement contre les consé¬quences de cette vision dualiste platonicienne, qui était très vívante dans le milieu cathare de son époque en Italie.
Dans la vision stoïcienne, le monde est également très beau. II est I’ouvrage par excellence de Dieu, mais il s’agit d’une vision immanente, moniste, dans laquelle il n’y a pas de distinction entre I’esprit et la matière. Et c’est une vision
d’un monde soumis à la nécessité, à la fatalité. Nous devons donc à nouveau remercier le christianisme d’avoir brisé ces cercles terribles du « fatum », du des¬tin, de la nécessité.
Ainsi donc François ne se situe pas en dehors de la tradition biblique chrétien¬ne. Au contraire, il en est I’expression parfaite. II est I’interprète de potentialités qui étaient en attente dans la vision chrétienne, et pas encore explorées avant lui.
Le fondement de ce nouveau regard
Au coeur de cette perspective qui nous afide à situer François, non comme une exception ou une réaction à la tradition chrétienne, mais comme son expres¬sion la plus originale et la plus parfaite, nous voudrions maintenant tenter d’entrer
dans sa vision, et tâcher de comprendre comment il a pu regarder la création de Dieu avec cet esprit nouveau d’homme nouveau, et en quoi consiste cette origina¬lité, de quel principe elle procède.
Disons d’abord qu’on peut s’occuper d’écologie à trois niveaux différents. Au niveau scientifique tout d’abord, qui souvent est aussi politique, parce que les poli¬ticiens tâchent de prendre les conclusione de la science pour les rendre opéra¬
tionnelles. Dans ce cas, la création est plutôt envisagée au niveau physique, dans ses ressources, ses composants, etc. II y a ensuite une écologie éthique, qui s’occupe principalement d’écologie dans le sens des devoirs, des responsabilités humaines face, par exemple, à la sauvegarde de la création de Dieu. Enfin, il y a un troisième niveau, qui est le niveau théologique. Nous pourrions aussi I’appeler le niveau spirituel, et c’est à ce niveau que se situe François dans I’écologie. A la limite, on ne devrait même gas parlen d’écologie pour François, parce qu’il n’a jamais pensé qu’il y ait dans son amour pour les créatures quelque chose à situer en dehors du cadre de la foi. Mais nous avons le droit de voir saint François tout au moins comme un précurseur de cet intérêt moderne, spirituel et théologique pour I’écologie.
II y a dans I’introduction de la version française des Ecrits de saint François une phrase extrêmement intéressante du P. Damien VORREUX (‘) qui nous afide beaucoup à pénétrer I’esprit de François. « Saint François, dit-il, a voulu meare le
monde en état de fraternité et en état de louange ». Je crois que cela nous afide
beaucoup à comprendre vraiment les racines de I’amour de François pour la création, de son émerveillement, de son écologie.

METTRE LE MONDE EN ETAT DE FRATERNITE

Par la grâce de Dieu
Les sentiments tout naturels de son ccaur, Bit saint Bonaventure, suffisaient déjà à le rendre fraternel pour toute créature ; il ne faut pas s’étonner que, dans I’amour du Christ, il soit devenu davantage encone le frère des hommes, que le Créateur a faits à son image. Rien n’est plus important, disait-il, que de sauver les âmes, et il en donnait pour preuve la croix sur laquelle, pour sauver les âmes, le Fils de Dieu voulut mourir ~ (LM 9,4).
Ainsi François était déjà, par nature et par tempérament, porté à la fraternité, mais cette inclination devint beaucoup plus forte par la grâce de Dieu. Et c’est par la grãce de Dieu qu’il voulut être le frère de tous les hommes et de toutes les créa¬tures.
Bien avant la Révolution française François a découvert la fraternité. Et ce qui la caractérise c’est que la fraternité de François est universelle. En fait, là aus¬si, tout en se situant dans la tradition chrétienne, François la fait progresser, parce que, dans la tradition chrétienne, est un frère, au sens strict du terme, uniquement celui qui partage la même foi, a reçu Je même baptême et est membre du Christ. Or François pousse ce concept de fraternité beaucoup plus loin. Par exemple, les lépreux sont appelés frères par lui, les brigands aussi, les sarrasins également, de même que les animaux et toutes les créatures : le soleil est frère Soleil, la lune est sceur Lune, I’eau est soeur Eau, la terre est sceur notre mère la Terre.
Ainsi, ce sentiment de fraternité n’était gas seulement le produit spontané d’un tempérament. On sait que, du vivant de François, I’Eglise et le monde étaient traversés de tensions très fortes. II y avait nombre de mouvements héré¬tiques. Le mot « chrétien » était très chargé de polémique. Nous savons que d’autres saints, en ce temes-là, avaient pour mission de combattre et de suppri¬mer les hérésies. C’était I’époque des croisés : on allait en Orient pour vaincre les sarrasins et délivrer le Saint Sépulcre de Jésus. Or là aussi François fait excep¬tion. II se joint à une croisade ; mais le moment venu, il quitte I’armée et seul, sans arme, démuni, il s’en va vers le Sultan pour lui annoncer I’amour du Christ. II n’a accepté de considérer comme ennemi ni ríen ni personne. Vraiment, de ce point de vue, François fait exception, parce que en général les saints sont aussi fils de leur époque. Nous découvrons, même chez les très grands, des limites culturelles qui sont celles de leur époque. François, lui, donne I’impression d’avoir été vrai¬ment libéré par le Seigneur, non par ses mérites, mais par la grãce de Dieu. II
pourrait dire comme saint Paul : « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis N, parce qu’il était très conscient que ce n’était pas par lui-même qu’il était devenu une exception, mais que c’était Dieu qui avait voulu faire de lui un être d’exception, pour donner la mesure de la puissance de sa grâce. L’Evangile est le seul canevas qui peut nous aider à expliquen saint François.
Alors, évidemment, dans cette perspective, I’esprit de fraternité, son amour pour les créatures est une chaine qui part des âmes, les âmes des hommes, qui relie les pécheurs, les pauvres, les ennemis et arrive aussi aux créatures. Ainsi les
créatures ne sont pas une exception, frère Soleil n’est pas une exception, il n’est pas isolé, il est I’aboutissement d’un mouvement d’unité.
François, pour moi, ressemble beaucoup, de ce point de vue, à un des pre¬miers évêques de France, saint Irénée de Lyon, qui présentait ce caractère très particulier, unique parmi les Pères de I’Eglise à son époque, de posséder le senti¬
ment de I’unité : non seulement d’en avoir I’idée, la notion, I’argument et les rai¬sons théologiques, mais bien d’éprouver le sentiment de I’unité. II devait lutter pour maintenir ensemble l’ancien et le nouveau Testaments, la création et la rédemption, parce que en ce temes-là il y avait les gnostiques, qui étaient platoni¬ciens, donc dualistes, et qui voulaient dissocier et opposer le Dieu de l’ancien Testament et le Dieu du nouveau, la création étant I’oeuvre d’un Dieu mauvais ou inférieur, et la Rédemption I’oeuvre d’un Dieu bon et doux. Irénée est I’homme de I’unité, il a le sentiment de I’unité et a toujours accentué I’unité. François, dans un lieu culturel différent, a le même sentiment de I’unité.
L’unité par la source
D’où vient ce sentiment de I’unité ? Ce n’est pas I’intuition, comme chez Bergson, d’une unité organique. C’est quelque chose que François a guisé là aus¬si dans I’Evangile et dans la révélation directe de Jésus. François pourrait faine
siennes les paroles de saint Paul : n Ma doctrine, je ne 1′ai gas apprise des hommes, mais par révélation de Dieu ~. Sa doctrine, son attitude, François ne les a puisées ni chez les hommes ni dans son cceur. Elle vient de Dieu. D’où vient ce sentiment de I’unité, de fraternité universelle ? Simplement du fait que François a découvert Dieu. S’il a rejoint une unité aussi profonde, c’est que son âme s’est pour ainsi dire soudée avec Dieu. Alors, il comprend que tout descend d’une façon différente ou de ruisseaux différents de la mëme source, qui est le coeur de Dieu créateur ; et que tout revient à la même source. Tout vient de la Trinité de Dieu et tout retourne à Dieu. Toute I’histoire du monde est enfermée entre ces deux mouvements : la sortie des créatures de Dieu, et le retour de toute créature vers Dieu. François a perçu ces deux mouvements dans le monde, ila vu que toutes les créatures venaient de Dieu, comme lui, et comme lui allaient à Dieu, en sa compagnie. Alors, on était nécessairement frères et soeurs.

METTRE LE MONDE EN ETAT DE LOUANGE

La deuxième source de I’attitude de François face à la création, c’est qu’il a voulu mettre le monde en état de louange. II a secoué le ciel et la terre en disant à tout ce qu’il rencontrait : « Louez et bénissez… remerciez mon Dieu,… remerciez¬le humblement,… servez-le humblement,… louez-le ! ». On a un peu I’impression que, chez lui, c’est I’esprit le meilleur de certains psaumes qui revit, ces psaumes qui réellement secouent le ciel, la terre, les iles, en les entraînant vers la louange de Dieu.
II écrit aussi, par exemple, une Lettre aux chefs des peuples, où il leur suggè¬re au nom de Dieu une chose assez curieuse : « A I’intention du peuple qui vous est confié, rendez au Seigneur ce témoignage public de vénération : chaque soir, faltes proclamer par un crieur public, ou avertissez par quelque autre signal – par cloche par exemple – que tout le peuple alt à rendre louange et grâces au Seigneur Dieu Tout-Puissant ». On n’ose plus aujourd’hui faire sonner les cloches dans nos villes de peur de réveiller les gens ! François, lui, pensait qu’on ne pouvait termi¬ner la journée sans avoir rendu grâce.
L’unité de I’Esprit
A nouveau nous lisons dans les Ecrits de François un texte qui va nous per¬mettre d’entrer quelque peu dans son esprit de prière, I’Exhortation à la louange de Dieu
Craignez le Seigneur et rendez-lui hommage.
Digne est le Seigneur de recevoir honneur et louange. Vous tous qui Craignez le Seigneur, louez-le.
Salut, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Louez-le, ciel et toute la terre. »
L’esprit de François passe des hommes, de I’histoire du salut, de Marie, aux autres créatures, comme si c’était un même univers. C’est I’univers de I’Esprit. Cette unité, c’est ce que saint Paul et le Nouveau Testament appellent I’« unité de
I’Esprit », qui est une unité au-dessus de I’histoire, au-dessus de la chronologie, mais une unité très forte parce que I’Esprit est au-dessus de I’histoire. II n’y a pas d’hier, d’aujourd’hui, de demain, I’Esprit est unique et éternel. C’est pour cela que François, dans cette unité de I’Esprit, peut invoquer Marie, puis les âmes, puis les fleuves et toutes les créatures
K Louez-le, ciel et toute la terre.
Tous les fleuves, louez le Seigneur ».
Lorsque nous entendons François nous dire : n Vous tous qui entendez ceci, bénissez le Seigneur ! » nous devrions sentir immédiatement le besoin de rentrer dans notre coeur et de bénir le Seigneur. Sinon, nous restons toujours sur le plan
des idées en nous disant : « Je le feral après, ou quelqu’un d’autre le Pera ». Fran¬çois faisait exactement le contraire, il était I’homme des actes, I’homme de la véri¬té ; non celui des idées, mais de la réalité.
Toutes les créatures, bénissez le Seigneur, tous les oiseaux du ciel, louez le Seigneur, tous les enfants, louez le Seigneur,
jeunes gens et jeunes filies, louez le Seigneur. Digne est I’Agneau immolé
de recevoir louange, honneur et gioire.
Bénie soit la sainte Trinité et (‘indivisible Unité.
Saint Michel Archange, défends-nous dans le combat.
Un péché-mère, 1′impiété
II y a dans cet appel à la louange universelle quelque chose qui pulse très profondément dans la tradition chrétienne et biblique. Saint Paul, au commence¬ment de sa Lettre aux Romains, nous Bit qu’il n’y a qu’un seul péché vraiment radi¬cal, un péché-mère qui est à la racine de tous les péchés, et il cappelle I’impiété la colère de Dieu se manifeste envers toute impiété des hommes qui détiennent la vérité prisonnière de 1′injustice ». II y a une façon de tenir la vérité de toutes choses prisonnière de I’injustice qui consisue le péché de fond, I’impiété, et Paul nous Bit en quoi consiste ce péché foncier. II consiste dans le fait de connaître Dieu, mais de ne pas lui rendre grâce, et de ne pas lui rendre gioire comme il convient à Dieu. Ce n’est donc pas tellement le péché des impies, des athées, c’est plutôt le péché de ceux qui, tout en connaissant Dieu, tout en sachant que Dieu existe, ne lui don¬nent pas gioire, ne lui rendent pas grâce comme il convient à Dieu.
Ainsi, le péché fondamental est de ne pas rendre gioire à Dieu, de tenir la vérité prisonnière de I’injustice, la vérité que Dieu est Dieu et que nous sommes des créatures, que Dieu est infiniment grand et que nous lui devons tout, que nous devons donc le louer, le remercier de tout ce que nous sommes et de tous ce que nous avons. La vérité, c’est cela. Alors ne pas louer Dieu, c’est tenir cette vérité prisonnière de I’injustice, car alors I’homme se place au même niveau que Dieu, c’est-à-dire qu’il se rend gioire à lui-même, qu’il est plus préoccupé de se glorifier et d’être glorifié par les autres que de glorifier Dieu.
Ce péché fondamental, évidemment, n’est pas loin de nous ; Paul Bit que c’est le péché de tout homme. n Tous ont péché – de ce péché-là – et sont privés de la gioire de Dieu ». Et c’est pour cela que tous ont besoin de la rédemption du Christ. Nous aussi, nous sommes souvent plus préoccupés de recevoir gioire que de donner louange à Dieu, et nous tombons dans I’impiété. Luther avait raison de dire que nous sommes justes et pécheurs en même temps ; nous serions toujours en danger, si la grâce de Dieu ne nous maintenait pas dans le salut.
Alors, sur cet arrière-fond, on volt que I’attitude de François n’est pas quelque chose d’accidentel. C’est la nouveauté chrétienne, c’est I’activité de I’homme nouveau, c’est le mystère de la piété :rendre gioire à Dieu, ce qui est le contraire du mystère de I’impiété. C’est la vérité de tonte chose. François, homme nouveau, rendu nouveau par la grâce de Dieu, est celui qui délivre, qui libère la vérité prisonnière. II ione Dieu, il le bénit et entraîne toutes les créatures dans ce mouvement de louange. Et c’est justement dans ce mouvement qu’il embrasse aussi les créatures inanimées, non seulement comme des instruments de I’hom¬me, des possessions qui sont au service de I’homme, mais comme des parte¬naires, des compagnons de celie louange à Dieu. Ce qui est nouveau dans I’atti¬tude de François, c’est qu’il n’a pas considéré les créatures comme des instruments, des objets qui seraient au service de I’homme, soumis à sa volonté et doni il pourrait disposer à sa guise. Elles sont des sujeis et des partenaires dans le sens qu’elles aussi sont destinées à la gioire de Dieu.
L’homme prétre de la louange
Et là aussi, en réfléchissant sur saint François, nous découvrons quelque chose qui n’est pas seulement de I’érudition, même théologique, mais quelque chose de vital pour notre foi chrétienne d’aujourd’hui : c’est la vocation foncière de I’homme d’être louange à la gioire de Dieu. Nous connaissons plusieurs défini¬tions de I’homme : animal raisonnable, ainsi que la récente définition philoso¬phique de Heidegger : « L’homme est un être pour la mori ». Mais pour la Bibie, et en particulier pour saint Paul, I’homme est « louange de la gioire de Dieu ». La vocation, plus que la nature, détermine et explique I’homme, et notre vocation est d’être louange de la gioire de Dieu.
Que signifie « louange de la gioire de Dieu » ? Ce n’est pas une simple répéti¬tion. Louange de la gioire de Dieu veni dire que Dieu est glorieux. II y a une gioire de Dieu qui existe indépendamment de nous. Le ciel et la terre sont pleins de la gioire de Dieu. Dieu est gioire. On peni dire que la gioire de Dieu peni se toucher. Lorsque Moïse a vu la gioire de Dieu, il a dú se couvrir les yeux, parce que la gioi¬re de Dieu est Dieu lui-méme, Dieu en tant qu’être lumineux, qu’être rayonnant. Mais celie gioire de Dieu a besoin de quelqu’un qui la proclame, de quelqu’un qui en rende compie et s’y soumette. C’est cela, la louange de la gioire. C’est la prise de conscience par la créature rationnelle et libre que Dieu est glorieux ; c’est la reconnaissance et la proclamation de celie vérité. Salan, le démon, est tombé à cause de cela. II savait très bien que Dieu est glorieux, qu’il est Dieu, mais il n’a pas voulu rendre gioire à Dieu, il n’a pas voulu exister grâce à quelqu’un d’autre. II est le « Père » de ce qu’on appelle aujourd’hui (‘autonomie absolue de I’hom¬me : le désir d’exister sans devoir dire merci à quiconque de sa propre existence.
Aussi les créatures ont-elles besoin de I’homme, parce qu’elles ont été créées pour la gioire de Dieu. Mais par elles-mêmes elles ne peuvent pas être louange de celie gioire parce qu’elles n’ont pas de conscience. Alors elles atten¬
dent de I’homme qu’il remplisse pour elles celie fonction, c’est-à-dire que lui, I’homme, rende gioire à Dieu à cause d’elles. Dès lors, les créatures prennent leur signification, deviennent nobles, trouvent leur raison d’être et peuvent disparaître tranquillement parce qu’elles ont rempli leur mission qui est de rendre gioire au Créateur. On pourrait dire que I’homme devrait être la sage-femme qui fati naître la gioire doni la création est grosse ; comme lorsqu’une femme attend un enfant, tonte la création est enceinte de celie gioire, et il lui faut des mains de sage-fem¬me pour I’accoucher. Lorsque I’homme, le phénomène humain apparaît dans I’univers, c’est le moment où quelqu’un proclame : « Gioire à Dieu au plus haut des cieux », et la signifićation de I’unìvers, là, s’exprime.
Saint Paul, dans I’épître aux Romains (8,20) – et c’est pour moi un texte essentiel pour comprendre I’esprit et la nouveauté de saint François – nous dit que « la création tout entière a été soumise à la vanité, au néant, non de son plein
gré, mais à cause de quelqu’un, (à cause de I’homme qui I’a réduite au néant et lui a ôté sa signification). Elle attend d’être délivrée de 1′esclavage de la corruption pour prendre part à la liberté de la gioire des fils de Dieu ». C’est un texte fonda¬mental, essentiel, un texte rare et précieux pour la théologie de la création. La création a été soumise à la vanité, au néant à cause du péché de I’homme qui I’a entraînée dans ce mouvement d’éloignement de Dieu. Mais elle pleure, elle souffre, elle gémit, elle attend d’être libérée de sa vanité, de sa corruption pour prendre part à la liberté des fils de Dieu.
Or chez saint François, on volt ce mouvement réalisé. II est I’homme nou¬veau, chez qui la création a été délivrée de la vanité, a pris son sens et a été entraînée dans ce mouvement de liberté et de gioire des fils de Dieu. II y a donc chez lui quelque chose de beaucoup plus profond qu’une démocratisation de la création doni parlati ce savant américain, Linn White. II y a une altitude doxolo¬gique, c’est-à-dire un mouvement qui essaie de transformer tonte la réalité en « gioire de Dieu ».
Est-ce qu’alors nous devons concluye que I’écologie de saint François est quelque chose de tellement spirituel, de tellement en dehors de nos préoccupa¬tions actuelles qu’on ne peni le citer que comme une belle référence ?
Saint Frangois et I’écologie
Ce serait démentir I’esprit même de François que de dédaigner ou de dépré¬cier les efforts de savants, de politiciens, d’institutions internationales qui s’occu¬pent aujourd’hui de la sauvegarde de la création. Parce que François est un hom¬
me qui voyait vraiment le bien partout, qui était prêt à accepter et à remercier Dieu
pour tout. Alors, s’il avait chanté aujourd’hui, on peut imaginer qu’il aurait ajouté une strophe à son Cantique : « Heureux et bénis soient ceux qui oeuvrent pour la préservation et la sauvegarde de soeur notre mère la Terre, pour la sauvegarde de soeur Eau ». François serait le premier à apprécier les efforts de I’écologie, même aux niveaux physique, scientifique et politique. Mon but n’est donc pas d’opposer I’écologie de François aux racines très profondes, très bibliques, très chrétiennes, à I’écologie d’aujourd’hui qui serait plutôt profane, laïque, et pour ainsi dire terre à terre. Non, il y a une collaboration possible, mais il faut tout de même préserver I’originalité de François, pour ne pas courir le risque de faire perdre à (‘écologis¬me d’aujourd’hui une voix précieuse et essentielle.
D’abord, que faut-il entendre par écologisme ? J’entends, moi, cette préoc¬cupation de la sauvegarde de la création, de mettre fin à I’épuisement des res¬sources et de stopper la pollution de notre planète. Mais, à partir de là, il y a deux types fondamentaux d’écologisme : un écologisme au fondement anthropolo¬gique, essentiellement centré sur I’homme, Bont I’homme est I’objet, la raison et I’intérêt ; et un autre écologisme dont le fondement est théologique, référé à Dieu, et Bont la caractéristique est doxologique, tournée vers la louange.
Dans le premier cas, la préoccupation aujourd’hui n’est pas tellement en faveur de notre soeur Eau, elle vient de la peur un jour de manquer d’eau. En soi, cet écologisme à fondement anthropologique est très fragile et contradictoire, par¬ce que si I’on fonde la préoccupation de sauvegarder la création sur I’intérêt de I’homme, étant donné que les intérêts de I’homme sont très divers d’une classe à I’autre, d’un pays à I’autre, d’un hémisphère à I’autre, il sera évidemment très dif¬ficile de réaliser quelque chose de concret et de valable. On le volt bien au fajt que les pays du tiers-monde n’aiment pas beaucoup notre écologisme : « C’est un écologisme dans votre intérêt, nous disent-ils. Vous avez déjà fant gaspillé, ruiné la création, et maintenant vous voulez imposer partout un écologisme qui nous empêcherait d’accéder un jour au même confort, aux mêmes biens que vous, par ex. de nous procurer un réfrigérateur sous prétexte que le gaz qu’il contient attaque la couche d’ozone ! » Avouons qu’ils n’ont pas tort.
II y a par contre un autre écologisme, théologique et doxologique, où ce n’est pas I’homme qui est la raison dernière, mais Dieu. En fant que créateur, il ne nous a pas réellement délégué le domaine de la création, ne nous a pas investis d’un droit d’y faine des déprédations et de la détruire. II est faux de se référer à Genèse 1,28 : K Remplissez la terre et dominez-la u, car il y a aussi une autre version de la création où il est dit que Dieu plaça I’homme dans le jardin d’Eden « pour qu’il le cultive et le Barde H (Gen. 2,15). Donc, la vision biblique et théologique est quelque chose qui assure la sauvegarde de la nature. Dominer, c’est se servir de, sans allen jusqu’à en disposer à son gré.
Cet écologisme théologique peut être un apport très précìeux, parce que cet¬te vision de foi peut nous amener à une conversion profonde à I’égard de la vie et à I’égard de Dieu ; sinon I’égdisme humain sera toujours le plus fort. « A moins d’un changement du cceur de I’homme, I’écologie n’a pas beaucoup de chances de réussir », disait à Bâle, en 1989, le métropolite Cyril.

POLIR CONCLURE

Terminons par deux suggestions d’applications pratiques, pour tâcher de conjuguen ce discours sur I’écologie de saint François avec notre vie quotidienne. Tout en signalant auparavant deux dangers très concrets que court I’écologie. Le premier, c’est de s’arrêter aux mots, aux compte-rendus, à I’évocation des pro¬blèmes, et de ne pas passer aux réalisations concrètes. Et là, François devrait nous aider, can il est I’homme qui n’aime pas I’idéologie, mais I’homme du passa¬ge à Pacte. Et I’autre danger, c’est d’attendre toujours des autres qu’eux se pré¬occupent d’écologie, sous prétexte par exemple qu’il y a des spécialistes pour s’occuper de ça ! Alors que I’écologie est (‘affaire de tous.
Pour un usage sobre
Les deux applications pratiques sont les suivantes. La première est que François nous apprend I’usage sobre, modéré, voire même pauvre des choses. II nous invite à revenir à un style de vie simple où I’on sait jour des choses sans en abusen et sans les accumuler. Et nous savons que nous avons besoin de cette leçon aujourd’hui, nous tout particulièrement dans les pays de I’hémisphère riehe, qui sommes en train de remplacen continuellement nos biens, de les renou¬veler à Tenui, par exemple nos habillements, nos voitures, nos ordinateurs, et tous nos appareils électroniques. Dans les entreprises aujourd’hui, cela devient sou¬vent démentiel ! François disait un jour à ses frères : « Je n’ai jamais été voleur d’aumônes ». II voulait dire qu’à ses yeux, recevoir des aumônes au-delà du nécessaire, c’était les voler à d’autres pauvres. Or ce principe pourrait s’appli¬quer à nous-mêmes, en nous disant : « Je n’ai été voleur d’aucun papier, d’aucun fruit, d’aucune eau ». Car tout ce dont nous usons au-delà de ce qui nous est nécessaire, nous le volons à d’autres maintenant, ou à ceux qui viendront après nous, à la génération future. C’est donc une certaine sobriété, une certaine pau¬vreté qui est la première leçon de François.
Contemplen sans accaparer
La deuxième application pratique se résume dans le mot « contemplation ». II faut découvrir et estimen cette forme particulière de possession qu’est la contem¬plation, qui est une façon de posséder les choses sans les avoir pour soi, de les
posséder d’une façon plus profonde, avec I’âme et non avec le corps. C’est mettre en pratique le mot de saint Paul qui définissait les apôtres Gomme étant des personnes « qui ne possèdent riera et qui ont tout ~. Eh bien, la contemplation fait ce miracle : elle nous permet de posséder les choses sans les accaparer pour nous, sans les enlever aux autres. Ordinairement, lorsqu’un homme a la propriété juridique d’une chose, par exemple d’un parc, d’un lac, cela lui appartient à lui seul et les autres en sont exclus. Mais dans la contemplation, mille hommes peu¬vent jouir d’un Iac, d’un parc ou d’autres choses sans les enlever aux autres. C’est pourquoi il faut redécouvrir la beauté de la contemplation ; elle n’est pas proposée uniquement pour un plaisir esthétique – quoique cela aussì soit néces¬saire à I’homme – mais également pour une préoccupation spirituelle, parce que la contemplation de la création, dont François nous a donné un modèle si char¬mant, est quelque chose qui nous transforme Gomme hommes, qui nous construit intérieurement, qui nous rapproche de Dieu, parce que la contemplation de Dieu à travers les créatures nous élève, Gomme elle élevait François qui ne pouvait ríen voir sans se sentir poussé vers Dieu.
On dit dans la Genèse qu’après I’oeuvre de la création, le septième jour, Dieu se reposa et contempla ses Oeuvres. Et il vit que sa création était très bonne. Ain¬si, après six jours de travail, nous aussì, après avoir collaboré avec Dieu dans la création, dans la conservation du monde, nous devons redécouvrir la beauté, la nécessité de ce septième jour qui, pour nous, est le dimanche, le jour de la nou¬velle création et de la résurrection du Christ. Nous devons, durant ce jour, nous reposer, contempler la création de Dieu, la cultiver dans notre esprit, nous en émerveiller et la trouver très bonne.

« Le dernier mandat du Verbe fait chair à ses apôtres au jour de son Ascension est d’alter et de prêcher 1′Evangile à toutes les créatures, non pas
aux hommes seulement, vous entendez ? mais à toutes les créatures, de nommer Dieu devant elles et de leur apprendre ce qu’elles veulent dire. »
Paul CLAUDEL
(Conversations dans le Loir-et-Cher, p. 257)

INVITATION A LA LOUANGE DE DIEU

Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu Tout-Puissant,
Celui qui est, qui était et qui reviendra.
- Louange et gloire à jamais !
Tu es digne, Seigneur, notre Dieu,
de recevoir honneur, louange et gloire, et d’être proclamé béni.
- Louange et gloire à jamais ! Digne est 1′Agneau qui a été immolé d’être appelé Dieu fort, sage et puissant, de recevoir honneur et gloire et d’être proclamé béni. – Louange et gloire à jamais !
Bénissons le Père et le Fils, avec le Saint Esprit. – Louange et gloire à jamais !
Bénissez le Seigneur, vous toutes les c~uvres du Seigneur, – Louange et gloire à jamais !
Chantez les louanges de Dieu, vous tous ses serviteurs, et vous qui craignez Dieu, petits et grands.
- Louange et gloire à jamais Qu’ll sofft loué, notre Dieu glorieux, par le ciel et par la terre,
par toute créature qui est au ciel, sur la terre et sous la terre, et par la mer et tout ce quelle renferme.
- Louange et gloire à jamais !
Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit. – Louange et gloire à jamais !
Comme il était au commencement, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. Amen.
- Louange et gloire à jamais

SAINT FRANÇOIS d’ASSISE