2005 – Édition des Béatitudes.
Raniero Cantalamessa
Introduction
Cet ouvrage rassemble les méditations sous forme de lectio divina qui ont été données à la maison pontificale lors du Carême de l’année 2003, à l’exception de la dernière méditation- sur la famille comme « Eglise domestique » – qui fut proposée à un auditoire différent.La caractéristique de la lecture sainte de la Bible, la lectio divina, par rapport aux autres formes de méditation est la suivante: l’Ecriture représente la « base », et non pas une simple référence, c’est-à-dire qu’elle n’intervient pas pour illustrer un thème choisi, mais elle constitue en elle-même le thème de la méditation.
La lectio divina est aussi généralement une lectio continua, c’est-à-dire la lecture continue d’un livre de la Bible. Ces deux caractéristiques sont observées dans les méditations présentes. Chacune d’entre elles est «basée» sur un extrait de la Lettre aux Ephésiens, suivant l’ordre des écrits dans le texte. Comme toujours dans les méditations données à la maison pontificale, je me suis efforcé de fournir dans la première partie certains points de référence théologique essentiels sur la question, pour chercher de mettre en lumière ensuite, dans la deuxième partie, les conséquences pratiques qui en découlent pour la vie spirituelle. Certaines de ces applications pratiques, comme celles sur la «spiritualité du service au Siège de Pierre» sont dues à la destination originaire des réflexions, mais elles ont été conservées parce qu’elles intéressent indirectement tout un chacun.
L’Eglise est contemplée ici comme dans la Lettre à travers les quatre images classiques d’édifice, de corps, d’épouse et de mère. Ce qui rend nécessaire et urgente une réflexion renouvelée sur le mystère de l’Eglise, c’est cette observation faite au cours d’une des méditations: «Au début du vingtième siècle on prédit que ce serait le siècle de l’Eglise, le siècle ou l’on reprendrait conscience de son importance, après le long silence des Lumières et de la période libérale. Cela s’est certainement avéré au niveau théologique. En effet, de nombreuses études sur la nature de l’Eglise ont été publiées depuis lors. Karl Barth a appelé sa théologie « dogmatique ecclésiastique »; le Concile Vatican II en a fait le point central de sa réflexion et puis il y a eu Ecclesiam suam de Paul VI. Mais est-ce que l’amour pour l’Eglise a grandi proportionnellement?». On ne peut lire l’affirmation des Ephésiens 5,25 : «Le Christ a aimé l’Eglise», sans se demander : «Et moi ? Est-ce que j’aime l’Eglise?».